Depuis plusieurs mois, il est monnaie courante de voir fleurir, dans les ordres du jour du Conseil communal de Woluwe-Saint-Lambert, des motions aussi diverses que variées dont les thèmes principaux coïncident bien souvent à l’actualité politique chaude du moment. Le plus souvent, ces textes visent à « positionner » la commune dans un débat qui la dépasse tant d’un point de vue géographie que du point de vue de ces compétences. Elles ne servent ni à « faire la loi », ni à exercer une réelle contrainte vis-à-vis du pouvoir concerné. Tout au plus, animent- elles le débat démocratique local.
C’est l’essence-même de la motion et nous, libéraux, y sont profondément attachés. Déposer une motion, c’est aussi mesurer la vivacité des échanges entre nos élus. Elle suscite la discussion et nous pouvons clairement nous en réjouir. Toutefois, comme toute chose, c’est dans l’abus qu’on dénature la fonction. Et le procédé de motion n’échappe pas à la règle puisque tout le temps consacré à travailler, retravailler, amender, débattre d’une motion est un laps de temps qui n’est pas mis au profit d’autres sujets qui, eux, par contre, relèvent exclusivement des compétences communales. La motion est donc à utiliser avec sagesse, même s’il suffit d’un peu de gymnastique intellectuelle – et de mauvaise foi ? – pour systématiquement trouver un lien entre le sujet d’une motion et la vie quotidienne des Woluwéens. Une très grande majorité des habitants de notre commune surfent sur internet… Cela signifie-t-il que le Conseil communal doit se pencher sur la sauvegarde de la neutralité du web en Europe ?
Le phénomène est encore plus pervers quand la motion n’entend pas seulement à positionner la commune dans un débat « pour ou contre » mais cherche, avant tout, à importer les jeux politiques d’un autre niveau de pouvoir dans le débat communal. Si vous suivez attentivement les débats du conseil, il ne vous aura pas échapper que la plupart des motions concernent directement la politique du Gouvernement fédéral, dans lequel la majorité DéFi-cdH ne siège évidemment pas. S’agissant du Gouvernement bruxellois, très peu est dit et pour cause… Là, la majorité communale est aux manettes avec le PS. Pourtant, il y aurait tant à dire sur les politiques menées à la Région.
On arrive donc à des situations où la majorité communale, le PS et Ecolo débattent en long et en large un projet de loi au sujet de visites domiciliaires qui, dans les faits, n’existe même pas. Ou encore, souvenez-vous : Woluwe-Saint-Lambert a officialisé son statut de commune « hors-TTIP » qui, concrètement, ne signifie pas grand-chose… À moins que l’on décide d’installer des barrières douanières autour de nos quartiers si l’Union Européenne en venait à ratifier cet accord de libre-échange.
Le MR de Woluwe-Saint-Lambert a toujours joué le jeu mais il est l’heure de tirer la sonnette d’alarme. Woluwéennes et Woluwéens s’attendent prioritairement que l’on s’occupe d’eux et de leurs cadres de vie. Ils savent qu’ils ont d’autres représentants politiques, à d’autres niveaux, pour contrôler le travail de tel ou tel exécutif. Être à la tête d’une commune, ce n’est pas être sur les bancs de l’opposition à la Chambre ou à la tête d’une formation politique. Gare au mélange des genres ! Même si la loi permet encore le cumul de ces mandats…