Amélie PANS interpelle le Collège communal concernant la clarification concernant la situation politique au sein du Collège et du Conseil communal suite aux annonces récentes
Monsieur le Bourgmestre, nous avons récemment pris connaissance, avec une certaine sidération, de votre annonce de quitter DéFI et de créer un nouveau parti politique. Cette déclaration, relayée par la presse, soulève de nombreuses interrogations, notamment pour les électeurs de DéFI qui ont accordé leur confiance aux candidats Défi lors des élections communales du 13 octobre dernier.
Ces électeurs doivent aujourd’hui se sentir trahis, car leur vote ne reflète plus la représentation politique actuelle au sein du Collège et du Conseil communal.
Nous souhaiterions obtenir des clarifications sur les points suivants :
- Quelle est la situation actuelle des élus DéFI sur la Liste du Bourgmestre ? Si ces derniers ne siègent plus sous l’étiquette DéFI, siègent-ils désormais comme indépendants ou sous une autre affiliation politique ?
(13 Defi, 5 indépendants et 3 indépendance libérale)
- La Liste du Bourgmestre comptait initialement trois groupes distincts avec des couleurs identifiées. Combien de groupes subsistent aujourd’hui ?
Au-delà de ces questions liées à la représentation politique, nous souhaitons également obtenir des garanties concernant l’utilisation des moyens communaux dans le contexte de votre annonce politique.
Votre mouvement, ne disposant pour l’instant ni de locaux, ni de personnel, ni de moyens financiers propres, il est à craindre que vous utilisiez les ressources communales pour organiser et développer cette nouvelle structure politique.
Cette inquiétude est renforcée par plusieurs observations :
- Vos récentes interviews politiques semblent avoir été organisées dans des locaux communaux.
- Le secrétaire général de DéFI a été engagé au sein du personnel communal.
- Durant la campagne électorale, il a été rapporté que plusieurs mandataires DéFI, anciens ou actuels, travaillaient également au sein de l’administration communale.
- Le nombre élevé d’ETP qui compose votre cabinet, comme l’a mentionné ma collègue.
Ces éléments, s’ils ne sont pas clarifiés, pourraient inquiéter les citoyens et poser des questions quant à l’utilisation des finances publiques.
Nous aimerions savoir :
- Quelles garanties pouvez-vous fournir pour assurer que les moyens communaux ne seront pas utilisés à des fins partisanes dans le cadre du développement de votre nouveau mouvement politique ?
- Comment pouvez-vous rassurer les administrés et l’opposition sur l’utilisation des deniers publics, particulièrement en ce qui concerne les locaux, le personnel et les ressources matérielles de la commune ?
- Enfin
Ces clarifications sont essentielles pour garantir la transparence et la confiance dans la gestion communale.
M. MAINGAIN donne la réponse suivante :
« Votre interpellation me donne l’occasion, même si ce n’est pas l’objectif que vous recherchez, de confirmer la constance de l’action politique de la Liste du bourgmestre à la tête de la commune de Woluwe-Saint-Lambert. Le 13 octobre dernier, la Liste du bourgmestre que j’ai l’honneur de conduire, avec une formidable équipe soudée et enthousiaste, a remporté une majorité absolue pour la 4e fois de suite lors du scrutin communal. C’est le résultat d’un travail acharné, constant et cohérent au service de notre commune et de ses habitants. Les électrices et les électeurs ne se sont pas trompés et les scores des voies de préférence démontrent que les mandataires élus de la Liste du bourgmestre bénéficient d’un large soutien populaire qui ne se dément pas d’élection en élection. La majorité absolue en sièges de la Liste du bourgmestre n’est pas la victoire d’un parti quel qu’il soit et, à l’inverse de votre groupe, tous les élus de la Liste du bourgmestre siègent dans cette assemblée, respectant ainsi le mandat donné par les électeurs. J’ose même affirmer que l’excellent résultat de la Liste du bourgmestre a été acquis malgré l’appartenance, au moment des élections, d’un certain nombre de candidats DéFI alors que, malheureusement, déjà sous la présidence de François DESMET, ce parti avait perdu ses repères et affaibli ses idéaux les plus essentiels. J’en veux pour preuve, notamment, le travail néfaste du chef de cabinet du président François DESMET, dont la manipulation des résultats d’un scrutin interne, conjuguée à la gestion calamiteuse des finances du parti, a conduit DéFI à sa ruine. De surcroît, le passé notoirement antisémite de ce monsieur, connu de François DESMET mais occulté au moment de sa prise de fonction de chef de cabinet, a considérablement nui à la forte exigence d’éthique qui caractérisait, à une certaine époque, le FDF et puis DéFI. Monsieur DESMET a « recyclé » cet antisémite comme le président de votre parti a « recyclé » des fascistes qui se sont présentés aux élections de juin dernier. J’espérais que la nouvelle présidente de DéFI se montre davantage en concordance avec les idéaux que j’ai toujours portés. Le vendredi 20 décembre, le président du MR tient des propos d’une rare hostilité à l’encontre de Bruxelles (« Bruxelles ne doit pas être géré par les seuls Bruxellois »), et d’autres propos tenus antérieurement qui rejoignent les thèses des nationalistes flamands qui rêvent de mettre Bruxelles, cette ville des libertés, sous la tutelle de cette Flandre où des partis de la haine dominent alors que la Flandre mérite tellement mieux. La nouvelle présidente de DéFI n’a pas osé dénoncer les propos du président du MR et le remettre à sa place. Au contraire, la nouvelle présidente a fait de DéFI le relais du MR. Je ne l’ai pas accepté car je n’ai pas 50 ans d’engagement pour défendre et affirmer la liberté de Bruxelles, l’autonomie de cette région (« Bruxellois maître chez toi »), l’autonomie des communes et l’exigence d’un projet ambitieux pour Bruxelles pour me résigner au fatalisme de ceux qui veulent livrer Bruxelles à ses adversaires. J’en ai tiré les conclusions que vous savez. Aujourd’hui, j’affirme que tous les élus de la Liste du bourgmestre restent l’équipe soudée qu’elle a toujours été et qu’elle mènera le travail de gestion de cette commune pour qu’elle soit plus que jamais une commune de référence par l’exemplarité de sa gestion mais aussi une commune de résistance face à tous les dangers qui pèsent sur Bruxelles et ses communes. Toute mon action a toujours été fondée sur une haute conception de l’éthique. On ne m’a jamais pris en défaut car « le fric », seul critère de réussite pour certains responsables politiques n’a jamais été la boussole de mon action politique et pas davantage le fondement de mes engagements. Je ne m’appelle ni Serge KUBLA, ni Armand DE DECKER, et je me garderai pour le moment, dans l’attente de l’avancée de l’enquête pénale, de citer le nom d’une autre personnalité dont j’ose espérer que le doute qui est né ne viendra pas ternir un parcours politique pourtant éminent. J’ai toujours estimé que dans la gestion publique, la valeur d’exemplarité doit venir des mandataires politiques afin de faire respecter leur autorité. J’enrage contre ces mandataires, quelle que soit leur formation politique, qui ternissent la démocratie par leur calcul cynique du profit personnel. Vos suspicions sont malveillantes et je vous mets en garde quant à tout propos diffamatoire que vous tiendrez à cet égard. Je ne laisserai rien passer car je défendrai toujours la haute conception de la politique, telle que je l’ai toujours assumée. »
Mme PANS fait remarquer que M. MAINGAIN n’a pas vraiment répondu à certaines de ses questions. Elle rappelle que durant la campagne électorale, la Liste du bourgmestre avait distribué dans toutes les boîtes aux lettres de la commune un trombinoscope avec les photos des candidats et le parti auquel ils appartenaient. Elle souhaiterait savoir qui parmi les conseillers de la Liste du bourgmestre appartient encore à DéFI, qui est indépendant, qui est membre d’Indépendance libérale… Elle précise qu’elle ne remet pas en question les choix du bourgmestre mais demande la transparence par rapport à l’appartenance politique des membres de la Liste du bourgmestre et souhaite savoir à qui elle s’adresse au sein du Conseil.
M. MAINGAIN répond que Mme PANS n’a pas bien écouté sa réponse, qu’il reste fidèle aux valeurs qu’il porte depuis 50 ans et que tous les élus de la Liste du bourgmestre se réclament de la Liste du bourgmestre et soutiennent l’action menée par le Collège. Il confirme qu’il n’y a pas de dissidence et que tous les élus de la Liste du bourgmestre restent fidèles à la Liste du bourgmestre et travaillent en parfaite unité. Il fait remarquer par ailleurs que contrairement aux élus de la liste MR+, tous les élus de la Liste du bourgmestre siègent et respecteront les engagements pris vis-à-vis des électeurs !
M. DESWERT déclare se faire du souci concernant les propos de M. MAINGAIN qualifiant Woluwe-Saint-Lambert de « commune de résistance » pour Bruxelles. Il demande ce que veut dire cette expression.
M. MAINGAIN répond qu’il a posé des actes de résistance depuis qu’il est bourgmestre, qu’il a fait en sorte que Bruxelles et ses communes soient fortifiées par l’action de Woluwe-Saint-Lambert. Il affirme que dans tous ses mandats, il a toujours assumé ses responsabilités par rapport à ce qui était annoncé aux électeurs, que tout le monde connaît ses positions et qu’il ne peut pas être pris en défaut. Il s’oppose notamment aux abus en matière de bilinguisme généralisé, bien qu’il soit très respectueux des minorités. Il se dit constant mais constate que d’autres ne le sont pas, d’où sa décision.
M. DESWERT craint que Woluwe-Saint-Lambert ne devienne le village d’Astérix. Il confirme ne pas apprécier des termes comme « commune de résistance » car il pense que Bruxelles a besoin de coopération.