Amélie PANS interpelle le Collège de Police concernant les événements de la Saint-Sylvestre :
La nuit de la Saint-Sylvestre a été particulièrement agitée dans le quartier Andromède, à Woluwe-Saint-Lambert. Des témoignages relayés sur les réseaux sociaux rapportent des incidents graves, notamment des tirs de feux d’artifice et de pétards visant directement les policiers intervenant sur place. Ces événements ont suscité une grande inquiétude parmi les habitants de la commune.
Je tiens tout d’abord à exprimer mes remerciements et ma reconnaissance envers les policiers de la zone Montgomery pour leur courage et leur professionnalisme lors de cette soirée. Leur intervention dans des circonstances aussi tendues mérite toute notre admiration et notre soutien. J’espère sincèrement qu’aucun des agents présents n’a été blessé par ces projectiles ou autres agressions.
Dans ce contexte, je souhaiterais poser les questions suivantes au Collège de Police :
1.Y a-t-il eu des blessés parmi les policiers de la zone Montgomery lors de ces événements ?
2. Quels dégâts ont été constatés dans le quartier Andromède (abribus, vitrines, mobilier urbain, etc.) ?
3. A-t-on pu identifier les auteurs de ces actes ? Ces individus sont-ils des habitants de la commune ou sont-ils venus suite à des appels diffusés sur les réseaux sociaux ?
4. Avez-vous observer des faits similaires dans d’autres quartier de la zone ?
5. Les faits observés cette année sont-ils similaires à ceux des années précédentes ou constate-t-on une aggravation ?
Je souhaite également savoir si des mesures de prévention supplémentaires pourraient être envisagées pour éviter de tels incidents lors des prochaines célébrations de la Saint-Sylvestre.
Enfin, je tiens une nouvelle fois à remercier les policiers de la zone Montgomery pour leur présence et leur action cette nuit-là, et à leur témoigner toute notre sympathie pour le travail difficile qu’ils ont accompli dans des conditions particulièrement éprouvantes.
M. MAINGAIN donne la réponse suivante :
« Je vous remercie de vos interpellations. Comme vous l’avez reconnu, la zone de police Montgomery, grâce au dispositif préparé depuis plusieurs mois et mis en place par le chef de corps et ses officiers, avec le total soutien du Collège de police qui l’avait validé lors de sa séance du 20 décembre 2024, a été pleinement opérationnelle et efficace. Ce dispositif a permis d’empêcher que les faits constatés au cours de la nuit du 31 décembre au 1er janvier, tant à Etterbeek qu’à Woluwe-Saint-Lambert, prennent une ampleur qui aurait pu conduire à des conséquences dramatiques. Pour avoir été présent au poste de commandement, ce que j’avais prévu et annoncé au chef de corps dans la journée du 31 décembre, j’ai pu constater le très grand professionnalisme des officiers de police et de l’ensemble des membres du personnel de la zone et d’autres services de police en soutien. Pour rappel, l’année passée, les faits les plus graves s’étaient déroulés à Etterbeek, plus particulièrement dans le quartier de la Chasse et de la place Saint-Antoine. En conséquence, la zone de police Montgomery avait prévu une capacité d’intervention de 40 membres du personnel en tenue adéquate. Cet effectif a été complété par un dispositif de patrouilles renforcé, soit 7 patrouilles, ainsi que des patrouilles en civil, soit 3 patrouilles (9 membres au total), ces dernières étant chargées de contrôler de potentiels fauteurs de troubles ou de mener, si possible, rapidement le travail d’identification des auteurs de faits délictuels. Ce dispositif était complété par du personnel affecté à la sécurité routière. Au total, la zone de police avait donc engagé plus de 60 membres de son personnel dans ce dispositif ! De surcroît, grâce à la coopération entre les chefs de corps des 6 zones de police bruxelloises, avec l’accord des 19 bourgmestres et du ministreprésident de la Région bruxelloise, des effectifs de renfort étaient prévus et leur mise à disposition était coordonnée par le chef de corps de la zone de police BruxellesCapitale/Ixelles auprès de qui était détaché un officier de liaison de chaque zone de police de Bruxelles dont la nôtre. Dans les jours qui ont précédé la nuit du réveillon, ni les services de police ni les services communaux de la prévention et de la jeunesse n’ont recueilli des éléments qui auraient pu les alerter quant à la préparation d’actes de dégradation dans le quartier Pléiades/Andromède. Au contraire, notamment sur la base des faits enregistrés ces derniers mois par la zone de police, tout indiquait qu’il n’y avait pas de situation préoccupante à craindre. Le soir même du réveillon, un éducateur de rue était présent dans le quartier jusqu’à 22h. Il connaît bien la plupart des habitants du quartier. Pendant son temps de présence, il n’a pas observé de mouvements suspects car ce n’est que plus tard qu’il y a eu les premiers affrontements. Pour avoir été donc le témoin direct de cette organisation, je peux témoigner qu’elle fut, plus particulièrement en ce qui concerne la zone de police Montgomery, remarquablement efficace. Je tiens à préciser que les effectifs de police mobilisés ce soir-là furent placés sous l’autorité d’officiers de la zone de police Montgomery qui connaissent particulièrement bien le quartier, ce qui s’est révélé pertinent. La connaissance du terrain d’intervention est essentielle pour prévenir l’escalade des risques, voire la commission des faits les plus graves. La présence du poste de commandement au dispatching de la zone de police a également permis de suivre au plus près la situation à Etterbeek et Woluwe-Saint-Lambert mais aussi à Woluwe-Saint-Pierre, même si dans cette commune, les faits furent moins graves et beaucoup plus limités dans le temps. Voici le déroulement des faits : 1° A 22h32, le directeur des opérations, officier de rang le plus élevé à ce moment-là, présent au poste de commandement, m’alerte qu’il y a des premiers incidents dans le quartier Andromède, plus particulièrement à hauteur du carrefour chemin des Deux Maisons. Il m’annonce qu’il fait effectuer une première manœuvre par des effectifs de police afin, espère-t-il, de connaître le même succès que l’année passée. L’année 2023, l’intervention massive des patrouilles de première ligne avait eu pour effet de disperser immédiatement les personnes rassemblées. Dès son appel, je me rends sur les lieux pour vérifier si une tentative de médiation peut être utile. Je me présente dans le quartier en arrivant à l’avenue des Constellations et à hauteur du carrefour Pléiades/Constellations, une voiture du dispositif trafic est placée au travers de la route. Les inspecteurs de police présents m’annoncent que les premières voitures des patrouilles ont été prises à partie, que le pare-brise d’un véhicule a explosé sous les tirs tendus d’engins pyrotechniques et de projectiles mais qu’heureusement, il n’y a pas de blessés. Je reçois un nouvel appel à 22h46 du directeur des opérations qui m’informe que la première manœuvre n’a pas eu les résultats escomptés et je marque immédiatement mon accord pour que des forces supplémentaires soient engagées afin qu’une capacité plus grande, soutenue par une arroseuse, puisse faire reculer et disperser les émeutiers. Vu la tournure des événements, je me rends au poste de commandement pour convenir avec les officiers supérieurs de la manière de gérer la situation. 2° Je suis au poste de commandement un peu avant 23h. Comme prévu, le chef de corps rejoint aussi le poste de commandement. Et là, grâce au réseau dense de caméras dans le quartier, les membres du dispatching chargés de suivre tous les incidents peuvent effectuer un travail très précis et orienter les effectifs de renfort qui sont déjà annoncés par le chef de corps de la zone de Bruxelles-Capitale/Ixelles. A ce momentlà, il est décidé de ne pas affecter les effectifs de la zone de police qui sont mis en place à Etterbeek puisque dans la nuit du 1er janvier 2024, c’est dans cette commune que les incidents les plus graves s’étaient déroulés. Par contre, une trentaine de policiers de la réserve régionale, appuyés par une arroseuse, se présentent rapidement dans le quartier Andromède et, sous la conduite d’un officier de la zone de police Montgomery, interviennent une première fois pour disperser les fauteurs de troubles. L’arroseuse est particulièrement utile pour tenir à distance des policiers les personnes qui tentent de les atteindre par leurs tirs d’engins pyrotechniques. L’arroseuse permet également d’éteindre le feu alimenté à l’entrée de l’avenue Andromède. Je tiens à souligner à cet égard que les équipes de l’Habitation Moderne avaient veillé à mettre en lieu sûr les conteneurs d’enlèvement des déchets et que mon collègue Philippe JAQUEMYNS, échevin de la gestion de l’espace public, avait également fait effectuer un contrôle dans le quartier pour faire retirer tout matériau susceptible de servir de projectile contre les forces de l’ordre ou des tiers. Malgré tout, il semble que les émeutiers ont pu trouver, plus particulièrement dans des immeubles du quartier Attique / Anne de Bretagne, des conteneurs et poubelles. Ils y ont également trouvé quelques autres matériaux, tels que des cartons, qui ont alimenté le feu. Constat étonnant : la durée d’intervention d’une arroseuse de la police fédérale est relativement limitée : tout au plus 5 à 10 minutes en « tir continu ». Dès qu’une arroseuse a sa citerne vide, elle doit se retirer et aller se réalimenter. Durée de l’opération : une petite demi-heure. Comme les policiers ne sont plus assistés par l’arroseuse, ils font aussi une manœuvre de repli, raison pour laquelle le directeur des opérations de la zone de police obtient l’arrivée d’une 2e arroseuse de manière à permettre un travail en continu des forces de l’ordre. Premier enseignement que je tire de cette nuit : le faible nombre d’arroseuses de la police fédérale mises à disposition du commandement coordonné : pour tout Bruxelles, seulement 3 arroseuses… consternant surtout quand on découvre qu’une arroseuse ne peut travailler que pendant une période très limitée. Il semble que le nombre total d’arroseuses disponibles pour tout le pays soit très limité : 12 arroseuses mais toutes ne sont pas forcément toujours en état de marche… 3° La première arroseuse étant à nouveau alimentée, elle remonte le chemin des Deux Maisons et réintervient dans l’avenue Andromède avec le soutien cette fois non seulement de la trentaine de policiers de la réserve, mais aussi d’un demi-peloton composé des membres de la zone de police Montgomery, prélevés sur les effectifs affectés à Etterbeek car à ce moment-là, il n’y a pas encore d’incidents à Etterbeek. Ce renfort vise à tenter l’opération, si ce n’est d’encerclement complet car la configuration des lieux du site ne le permet pas, à tout le moins de couper un certain nombre de chemins de fuite et d’empêcher que les émeutiers puissent occuper des lieux en surplomb dans l’avenue Andromède d’où ils lançaient leurs projectiles sur les forces de l’ordre. Parmi les membres du personnel de la zone de police Montgomery, certains avaient pour mission de faire usage de grenades lacrymogènes qui ont également eu un effet efficace de dispersion. Cette opération amène déjà un certain nombre de résultats et évite que des regroupements massifs puissent s’effectuer, dont on sait d’expérience qu’ils sont généralement à l’origine des actes les plus graves. L’objectif est donc clair : disperser, décourager, tremper les plus agités. Vu la température qu’il faisait la nuit du Nouvel An, ce n’était pas agréable d’être trempé et cela a eu pour effet de les faire partir progressivement. 4° Peu avant minuit, il est constaté sur les caméras de surveillance qu’au parvis SaintAntoine à Etterbeek, des regroupements s’organisent et les premiers actes de vandalisme sont commis, notamment la dégradation de mobilier urbain (deux vitres d’abribus). Le bourgmestre d’Etterbeek averti de la situation rejoint le poste de commandement et il est convenu, afin d’équilibrer la répartition des forces, que les 20 membres du personnel de la zone de police Montgomery en tenue d’intervention soient pleinement mobilisés pour maîtriser la situation à Etterbeek, vu les antécédents des années antérieures. La configuration des lieux à Etterbeek, zone totalement urbanisée avec un ensemble de voiries plus aisément contrôlables, permet en moins d’une heure de reprendre la pleine maîtrise de la situation. Dans le même temps, la réserve régionale, toujours placée sous le commandement d’un officier de la zone de police Montgomery, poursuit son travail dans le quartier Andromède, en progressant plus lentement car il convenait de veiller à ce que les policiers ne soient pas menacés par des jets de projectiles depuis les immeubles environnants. On a connu dans le passé des pavés lancés depuis le dernier étage d’un immeuble en direction des policiers qui intervenaient. Les forces de l’ordre prennent possession de lieux (terrasse surplombant le quartier) qui, en retrait de la voirie principale mais surélevés, donnaient aux émeutiers, si ce n’est un avantage décisif, en tout cas une position favorable pour atteindre les forces de l’ordre par leurs tirs d’engins pyrotechniques. 5° Le tir du feu d’artifice de la nuit de Nouvel An étant terminé à la Ville de Bruxelles au Heysel, la zone de Bruxelles-Capitale/Ixelles envoie des renforts supplémentaires pour soutenir le travail dans le quartier Andromède. Ces effectifs arrivent aux alentours de 01h de la nuit. Dans le même temps, la présence d’une autopompe des pompiers de Bruxelles est requise afin d’éteindre l’incendie régulièrement réallumé au carrefour chemin des Deux Maisons / Andromède car il n’est pas souhaitable que l’arroseuse de la police fédérale serve en définitive d’autopompe, ce qui réduit trop vite sa capacité pour l’usage principal qui est de décourager les émeutiers à poursuivre leurs attaques à l’encontre des forces de l’ordre. Un travail en profondeur est mené sur le site de manière à s’assurer qu’il n’y a plus de regroupement en des lieux moins visibles. Vers 02h de la nuit, il est constaté que tout le site est sous contrôle. A 02h30, lorsque je quitte le poste de commandement, les officiers présents considèrent que la situation est parfaitement maîtrisée car il n’y a plus aucun rassemblement. La stratégie de désagrégation des groupes, qui sans doute, au plus fort des événements, étaient constitués tout au plus de 50 personnes, a été menée de manière efficace. De ces événements, j’en tire les conclusions suivantes : 1° Alors que les services de police n’avaient recueilli aucun indice, dans les jours et les semaines qui ont précédé, quant à d’éventuels regroupements et puisque les années antérieures, les faits étaient très limités dans le quartier Andromède, la police ne pouvait prévoir l’ampleur des faits constatés. Néanmoins, la zone de police Montgomery avait bien évidemment prévu des capacités pour faire face à d’éventuels débordements, ce qui lui a permis de toujours conserver la maîtrise de la situation. Par leur déploiement rapide, grâce à la coordination entre les zones de police bruxelloises et la mise à disposition d’une partie de la réserve régionale, les capacités pouvaient être engagées afin de faire face à la situation. 2° Les officiers de la zone de police Montgomery, par leur disponibilité, leur connaissance du terrain et leur parfaite coordination avec les différents services concernés, ont pu diriger les opérations avec une réelle efficacité. 3° Le soutien de l’arroseuse de la police fédérale a été très utile mais une plus grande capacité pour faire face à l’ensemble des événements qui surviennent au cours de cette nuit-là en Région bruxelloise est à prévoir. Durant la soirée et rien que sur notre zone, c’est l’équivalent des citernes de 3 arroseuses qui ont finalement été vidées ! Le soutien des gaz lacrymogènes, dont dispose notre zone de police, a aussi été d’une grande aide. 4° Les bourgmestres concernés sont disponibles, sont présents dans les postes de commandement, réagissent immédiatement aux demandes des officiers de police, soutiennent le travail et les membres du personnel sur le terrain le savent. 5° La coordination avec d’autres services, notamment le SIAMU de Bruxelles mais aussi, et il faut le souligner, notre service communal de garde et le service de l’Agence régionale Bruxelles-Propreté, a été très appréciée. En effet, lorsqu’il a été requis, le SIAMU a envoyé des effectifs qui ont permis d’éteindre l’incendie à l’entrée de l’avenue Andromède, même si dans un premier temps, une autopompe s’est avancée sans protection policière, n’en ayant pas avisé les services de police comme cela avait pourtant été prévu. Cette autopompe a dû faire marche arrière sur toute la longueur du chemin des Deux Maisons pour échapper aux tirs. La maîtrise de l’incendie a autorisé les forces de l’ordre d’aller plus avant sur le site. L’intervention du service communal de garde et de Bruxelles-Propreté a permis de nettoyer les lieux au cours de cette nuit du 1er janvier, ce qui était nécessaire notamment parce que de très nombreux débris de verre (issus de containers à verre provenant des immeubles situés le long du chemin des Deux Maisons) étaient éparpillés sur les voiries. 6° Les dégâts matériels sont très limités, principalement du mobilier urbain, des abribus dans le quartier, quelques poubelles ou conteneurs mais aucun véhicule n’a été incendié ni dégradé et aucun bâtiment n’a été menacé. Ce fut une des préoccupations des services de police de s’assurer qu’il n’y avait pas de tentative de mettre le feu à des immeubles. Là, le travail de l’arroseuse et l’utilisation des gaz lacrymogènes ont été utiles pour tenir à distance les émeutiers. 7° Au moment où j’ai quitté le poste de commandement, aucun fait de blessures graves ne m’était connu. Certes, il m’avait été signalé qu’un policier se plaignait d’une contusion à une jambe mais sans que ce ne soit bien grave puisqu’il a poursuivi son travail d’intervention. Il avait sans doute été touché assez légèrement par un projectile mais sans blessure autre qu’une légère contusion. C’est par la suite, en préparant ma réponse à vos interpellations, que le chef de corps a pu me préciser qu’un autre policier avait reçu un engin pyrotechnique sur sa main, protégée par un gant et que, par mesure de contrôle, il avait été emmené à l’hôpital. Heureusement, pas de préjudice grave. 8° Il est aussi important de noter que durant cette nuit du 31/12/2024, les services de police ont rédigé 37 procès-verbaux, à savoir 18 judiciaires (pour détention d’une arme blanche, dégradation, rébellion, infraction à l’ordonnance de la Région concernant l’interdiction de tirer des feux d’artifice…) et 19 administratifs (pour troubles à l’ordre public, non-respect des injonctions données par nos policiers…) pour des infractions constatées sur le territoire des 3 communes de la zone de police. 9° Cette bonne organisation de la zone de police Montgomery et la bonne coordination entre les zones de police bruxelloises, sur la base notamment des protocoles d’accord conclus pour la gestion des grands évènements et évènements à risque, démontrent que la fusion des communes n’apporterait aucun avantage pour l’efficacité opérationnelle. Au contraire, elle éloignerait la gestion de l’évènement de la décision de l’autorité administrative qu’est le bourgmestre et priverait les officiers qui connaissent le terrain de la maîtrise de la situation. Un seul commandement unifié de la police pour tout Bruxelles aurait inéluctablement comme conséquence qu’une hiérarchie des priorités serait établie et vu la gravité des incidents survenus dans d’autres communes, peut-être les évènements à Woluwe-Saint-Lambert n’auraient-ils pas bénéficié de la même attention que celle que j’ai pu y réserver avec le concours d’officiers avec lesquels je travaille au quotidien. C’est dire que la police a effectué son travail avec une parfaite maîtrise professionnelle, en préservant la protection des biens et des personnes et sans exposer inutilement ses effectifs. Je ne saurais trop remercier l’ensemble des membres du personnel des forces de l’ordre, des différents services qui sont intervenus, pompiers, Agence Bruxelles-Propreté, service communal, pour leur parfaite disponibilité et leur professionnalisme. Enfin, je précise que grâce aux caméras de surveillance, tous les événements ont été filmés et que les enregistrements sont examinés aux fins d’enquête. Je n’en dirai pas plus à ce stade. Le travail est en cours. Il permettra à la zone de police de vérifier, en cas d’identification, d’où venaient les émeutiers. Certes, il y avait certainement des jeunes et moins jeunes du quartier. Mais il est plus que probable qu’il y avait aussi des gens extérieurs au quartier qui, cette nuit-là, ont considéré que c’était à Woluwe-Saint-Lambert qu’il fallait venir en découdre. En réunion du Conseil régional de sécurité, le ministre-président et les bourgmestres, avec le soutien des services de la Haut-Fonctionnaire, ont parfaitement pris la mesure des risques car d’expérience, les services de police savent que cette nuit-là, il y a une sorte de compétition entre groupements divers pour tenter de démontrer que les forces de l’ordre ne maîtrisent pas la situation (ils diffusent d’ailleurs des vidéos sur les réseaux pour montrer leurs exploits) et ces groupes cherchent avant tout à blesser des policiers, des pompiers, ambulanciers et membres du personnel de la STIB et de services publics par des tirs tendus d’engins pyrotechniques, qui ne devraient pas être en vente libre. La Conférence des bourgmestres exige, depuis plusieurs années, que le gouvernement fédéral prenne enfin la décision d’interdire la vente en tout temps d’engins pyrotechniques particulièrement dangereux, sous réserve de ce que des professionnels agréés puissent acquérir ces engins à des fins purement festives comme les tirs de feux d’artifice. Et encore, faut-il qu’il y ait des feux d’artifice en Région bruxelloise ? Autre sujet en débat. Un arrêté de police a été pris pour les interdire mais le seul moyen efficace serait d’en interdire la vente et pas seulement la détention. J’ose espérer qu’après cette énième nuit d’évènements graves, il y aura enfin une décision dans ce sens car c’est une demande pressante aussi des chefs de corps qui ne peuvent admettre que les membres de leur personnel soient à ce point menacés et que leur vie soit mise en danger car un tir de certains engins pyrotechniques à bout portant peut blesser grièvement, voire tuer, celle ou celui qui en serait victime. » Concernant le bien-être animal, il répond qu’il n’y a pas eu d’appel à la zone de police pour des animaux maltraités, blessés ou en détresse en raison de tirs de pétards et de feux d’artifices mais qu’il y a eu profusion de feux d’artifice dans tous les quartiers de Bruxelles cette nuit-là et qu’il était impossible pour les forces de l’ordre d’être présentes partout. Il ajoute que le travail d’information va se poursuivre dans les quartiers et que les services de la prévention et de la jeunesse vont mettre en place un accompagnement renforcé. Il attire également l’attention sur la responsabilité des parents et le travail qui leur revient vis-à-vis des mineurs qui ne mesurent pas toujours les risques de leurs actes.
Mme ZAAROUR demande s’il y a eu une augmentation de ces faits par rapport aux années précédentes et si oui, comment on explique cela (effet de mode ?).
M. MAINGAIN répond que c’est la première fois que l’on connaît des faits tels qu’il les a décrits à Woluwe-Saint-Lambert, en tout cas sur une telle durée : 3 heures d’intervention, c’est inédit dans la commune ! Il explique que la cause première, c’est une sorte de compétition, la nuit du Nouvel An, entre des groupes divers (parfois bien intégrés dans la société), encouragée sur les réseaux sociaux qui incitent à « casser du policier ». Il compare cela au phénomène des hooligans. Il ose espérer que ceux qui seront identifiés via les caméras seront punis pénalement de manière sévère car ce sont ces personnes, qui s’autorisent à dépasser toute limite cette nuit-là, qui ont un effet d’entraînement.