A. PANS interpelle le Collège comme suit, concernant l’Opération « économie circulaire » : « Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais, de plus en plus de citoyens dans notre commune décident de déposer des objets en bon état, devant chez eux, avec un petit mot “à donner”. Cela va du canapé, en passant par des vélos ou encore des jeux pour enfants. On remarque que ces objets ne restent pas très longtemps sur le trottoir et retrouvent assez vite une seconde vie. C’est ce que l’on appelle l’économie circulaire. Une citoyenne nous a expliqués qu’il existe un concept très intéressant en Allemagne qui encadre cette pratique. Le concept est assez simple, la commune décide d’instaurer un jour par mois, la journée de l’économie circulaire, et tous les habitants peuvent ce jour-là déposer devant chez eux des objets en bon état à donner. Après 24h00 ou 48h00, un camion de la commune vient retirer les objets qui n’ont pas trouvé une seconde vie. Cela permet d’avoir tous les bénéfices de cette pratique spontanée, tout en évitant les inconvénients qui peuvent résulter du dépôt sur la voie publique, et d’inviter les habitants à participer, les citoyens étant avertis en avance de la date de dépôt. Nous pensons aussi que ce concept pourrait tout à fait être dupliqué dans notre commune.
Mes questions sont les suivantes :
- Le Collège pourrait-il mettre en place un tel projet? Cela pourrait se faire non pas une fois par mois mais pourquoi pas deux fois par an ?
- Serait-il possible de voir avec Bruxelles Propreté s’ils pourraient participer à ce genre d’action? Si pas, la commune pourrait-elle se charger de la collecte ? »
P. JAQUEMYNS donne la réponse suivante :
« Madame la conseillère, A Woluwe-Saint-Lambert, le soutien aux initiatives relevant de l’économie circulaire n’a pas attendu votre question.
En effet, le Collège apporte son soutien à divers projets sur notre territoire. A titre d’exemple, on peut citer le projet solidaire et participatif de la Ba’hutte dans le parc des sources. Plusieurs riverains s’y sont réunis pour créer un lieu où les habitants peuvent venir déposer des vêtements qui pourront être réutilisés par d’autres qui se trouvent dans le besoin. Cette ba’hutte a connu quelques déboires (notamment un incendie). Les services communaux ont soutenus les habitants dans le cadre de sa reconstruction et de sa réouverture.
Autre initiative mise en place par le Collège : les différentes boîtes à livres qui sont réparties dans de nombreux quartiers de la commune. Il s’agit là aussi de la possibilité pour des habitants de venir y déposer des livres dont ils se séparent afin qu’ils soient lus par d’autres. Il s’agit là aussi d’une forme d’économie circulaire.
Par ailleurs, dans l’exercice même de ses missions, l’administration communale, à l’initiative du Collège, utilisent les mécanismes de l’économie circulaire et de réemploi lorsque cela est possible. A titre d’exemple, on peut citer la filière de déclassement des véhicules qui prévoit de revendre nos véhicules communaux déclassés en vue soit d’une réutilisation complète ou une réutilisation des pièces détachées encore en bon état.
En outre, lors de projets de rénovation menés par les services communaux, il est fait appel au réseau Opalis afin de venir récupérer tous les matériaux et objets qui peuvent être réintroduits dans le réseau d’économie circulaire. Les services font également appel à ce réseau lorsqu’il s’agit de trouver des matériaux spécifiques dans le cadre des chantiers de restauration des bâtiments classés.
Si l’idée soulevée dans votre question peut, de prime abord, paraître sympathique, elle se heurte néanmoins à la dure réalité du terrain et de certaines mentalités. En effet, depuis plusieurs années et singulièrement depuis la crise sanitaire, nous constatons un certain laisser-aller de certains, mais aussi de personnes venant de l’extérieur de la commune qui, sans vergogne, déposent dans l’espace public divers objets en y apposant – ou non – une pancarte « à donner ».
A l’inverse de ce que vous indiquez dans votre question, il s’agit, le plus souvent, de mobilier qui n’est pas en bon état et qui ne peut être réutilisé dignement dans le cadre de l’économie circulaire.
Dans votre question, vous estimez que ce mécanisme d’économie circulaire fonctionne parce que les objets disparaissent assez rapidement. Or, ce n’est pas le cas. En effet, la disparition rapide de ces objets résulte de la célérité avec laquelle le service communal de la propreté publique enlève ces objets de l’espace public. En effet, l’adage commun « la crasse appelle la crasse » trouve ici pleinement à s’appliquer. Si vous laissez ces objets dans l’espace public, d’autres déchets s’amoncelleront rapidement autour.
Il s’agit alors, ni plus, ni moins, d’encombrants. A cet égard, je me réfère à la réponse que j’avais donnée lors du conseil du mois de mai 2022 suite à la question du conseiller Michaël LORIAUX relative aux dépôts clandestins sur le territoire de la commune.
Je tiens à vous rappeler une des statistiques que je donnais à cette occasion, à savoir le volume d’encombrants enlevés du territoire communal. En l’espèce, en 2020, ce sont 819 m³ qui ont été retirés de l’espace public et en 2021 870,35 m³. Après un rapide calcul, vous aurez compris que nous faisons face à une augmentation de 6,40 % du volume d’encombrants retirés de l’espace public.
Par ailleurs, vous n’êtes pas sans savoir que le Ministre régional en charge de la propreté publique a lancé il y a quelques mois une réflexion en vue de l’élaboration d’une nouvelle stratégie en matière de propreté publique en région de BruxellesCapitale. Dans ce cadre, les communes, en tant qu’acteurs de terrain, ont été invitées à participer aux travaux. Il en est ressorti qu’une des principales causes en matière de malpropreté était justement le nombre particulièrement élevé de dépôts clandestins dans l’espace public. Il a été convenu que des actions devraient être mises en place tant à l’échelon régional qu’au niveau local.
D’une part, vous ne pouvez faire campagne sur la malpropreté sur la commune, tout en proposant d’autre part votre initiative qui, dans les faits, mènera à augmenter les dépôts clandestins en tout genre sur le territoire communal. En outre, il est également contradictoire de proposer votre initiative où les habitants pourront, sans aucun 162/201 Conseil communal contrôle préalable de la qualité mettre des objets dans l’espace public, et en espérant faire appel au bon sens des gens pour qu’il ne dépose que des objets de bonne qualité, et, dans le même temps, soutenir la mise en place de caméras fixes temporaires visant à lutter contre les incivilités et donc les dépôts clandestins en tout genre (voir délibération du conseil du 31/01/2022).
De plus, dans le mécanisme que vous proposez, vous faites peser sur les services communaux une importante charge supplémentaire. En effet, vous proposez de voir avec Bruxelles-Propreté si leurs équipes ne pourraient pas se charger de venir rechercher tout ce qui n’aurait pas trouvé preneur le jour de votre opération « économie solidaire ». A défaut, ce serait aux services communaux de passer dans les voiries pour rechercher les objets ainsi délaissés. Sachant qu’à l’heure actuelle, il est déjà régulier que des rues soient oubliées lors des collectes classiques de déchets, il y a fort à parier que ce sera le cas lors de cette opération spéciale. Ce n’est pas aux services communaux à suppléer les carences de l’agence. Par ailleurs, même à considérer que nous pourrions procéder à l’enlèvement des objets restants, je dois vous préciser qu’en plus nous devrions mettre en place une filière de tri des objets repris. En effet, en poussant votre logique jusqu’au bout, nous devrions déterminer ce qui est encore en bon état et le déposer auprès d’une entreprise ou d’une association active dans l’économie solidaire et nous départir de tout ce qui ne serait pas en bon état (après un tri sélectif important : le tout-venant tendant à diminuer – obligation de tout trier, sous peine de pénalités lors du versage). Bref, si l’idée peut être sympathique, vu ce qui se passe sur le terrain, elle ne pourra atteindre correctement son but sans entraîner pour la commune d’importantes dépenses inadéquates.
Des expériences, actuellement en cours d’évaluation par la région, ont déjà été tentées au niveau régional avec le concours d’associations actives dans le domaine de l’économie circulaire lors d’opérations de collecte mobiles en l’absence de recypark proche. Or, notre commune dispose d’un recypark à proximité immédiate, celui situé à Woluwe-Saint-Pierre.
En réalité, il existe déjà des possibilités pour l’habitant qui souhaite se départir d’un objet qui pourrait être réutilisé. D’une part, outre la Ba’hutte, vous avez les magasins de seconde main, le milieu associatif qui font des merveilles au départ de petits riens, mais il y a aussi un point de dépôt pour ces objets qui a été mis en place à l’entrée de la déchetterie à Woluwe-Saint-Pierre. Il s’agit d’une collaboration entre les communes de Woluwe-Saint-Lambert, Saint-Pierre, de l’Agence Bruxelles-Propreté et de l’ASBL Les Petits riens. Certes, cela impose de se déplacer jusqu’à un point de dépôt, mais celui qui souhaite vraiment faire cette démarche de s’inscrire dans le mécanisme de l’économie circulaire dispose, comme je viens de l’indiquer, de plusieurs options existantes et performantes. »
A. PANS remercie P. JAQUEMYNS pour sa réponse et comprend les réticences exprimées. Elle se demande si on ne pourrait pas proposer aux comités de quartier de s’organiser sur l’espace privé.