S. DETRY interpelle le Collège comme suit au sujet du souhait du gouvernement bruxellois de « densifier » Woluwe-Saint-Lambert :
« Dans une interview accordée à La Libre Belgique le 17 janvier dernier, le Secrétaire d’Etat bruxellois chargé de l’Urbanisme, M. Pascal SMET, a exposé sa vision urbanistique pour Bruxelles. En ce qui concerne notre commune, il a déclaré qu’on « pourrait densifier à Watermael-Boitsfort ou aux deux Woluwe » , précisant dans le même temps qu’il ne plaidait « pas pour bétonner partout, mais pour une densification bien intégrée » et que « les combats pour garder l’espace vert ne se déroulent pas dans les zones denses mais dans les zones déjà très vertes ». Cette politique ainsi partiellement expliquée semble a priori entrer en conflit avec la ligne politique de la majorité communale présentée en début de mandature. Cette discussion s’inscrit aussi dans la thématique du logement à Bruxelles.

Mes questions sont les suivantes :

  • Le Collège partage-t-il ou non la vision du Secrétaire d’Etat sur la nécessité de « densifier » Woluwe-Saint-Lambert ?
  • Quel bilan peut-on tirer à mi-mandature de la sauvegarde et de la réhabilitation des espaces verts de la commune ? Quels efforts sont encore à fournir ?
  • Quel bilan peut-on tirer à mi-mandature de la politique de logement à Woluwe-Saint-Lambert ? Un cadastre du type de logements est-il disponible ? Quel(s) levier(s) est (sont) actionné(s) par le Collège pour pallier le prix élevé de l’immobilier dans notre commune et la hausse constatée ?
  • Quel(s) projet(s) de logements sociaux est (sont) prévu(s) – ou en cours – dans la commune ?
  • Enfin, par extension, qu’est-il advenu de l’accord passé avec le précédent gouvernement concernant les bassins d’orage privatifs


O. MAINGAIN
répond que la déclaration du secrétaire d’Etat est unilatérale et n’est pas totalement en conformité avec la déclaration du gouvernement régional qui prévoit une politique urbanistique en étroite concertation avec les autorités communales concernées. Il ajoute que la déclaration du secrétaire d’Etat s’inscrit dans le fantasme que les communes de la deuxième couronne seraient insuffisamment peuplées par rapport à celles de la première couronne. Il exprime le souhait de maintenir un équilibre entre les surfaces affectées au logement et les espaces verts qui profitent à tous les habitants de la Région. Il fait remarquer que Woluwe-SaintLambert n’est pas une commune qui ne connaît pas de hausse de sa population mais qu’au contraire, c’est la commune qui a connu la plus forte hausse de population dans cette partie de Bruxelles avec des chiffres de l’ordre de moins de 48.000 habitants en 2006 contre plus de 58.000 en 2021, et ce sans sacrifier ses espaces verts pour autant. Il attribue cette augmentation de plus de 10.000 habitants en 15 ans à 3 facteurs :

  1. le renouvellement des générations à Woluwe-Saint-Lambert qui amène des familles plus nombreuses ;
  2. le fait qu’il reste des terrains constructibles à Woluwe-Saint-Lambert ;
  3. la reconversion des immeubles de bureaux en logements.

Il précise que l’exécution du PRAS donne des orientations urbanistiques et que le Collège refuse de se laisser entraîner dans une surenchêre de densification de la commune et ne manquera pas de le faire savoir au secrétaire d’Etat. Il fait remarquer que le maître-architecte joue un rôle de soutien dans différents dossiers et semble partager le point de vue du secrétaire d’Etat. Il signale que la commune va systématiquement en recours ou émet un avis défavorable dans le cadre des projets qui vont à l’encontre de la préservation de ses espaces verts. Il ajoute que la commune s’est beaucoup investie dans la sauvegarde d’espaces verts ou d’espaces naturels et cède la parole à M. MATGEN pour développer les actions menées en la matière.

G. MATGEN donne l’état des lieux de différents dossiers :

  • Iles d’Or : la commune a introduit une demande de classement du site qui est toujours pendante auprès des instances régionales.
  • Bosquet marécageux Hof ten Berg : la commune a obtenu un avis favorable de la CRMS sur l’extension du classement du site qui pourrait aboutir dans les prochains mois.
  • Ferme aux Oies : la demande de classement du site n’a pas abouti mais le ministre MARON a lancé un projet d’acquisition des terrains privés.
  • Val d’Or : le site a été repris en gestion par Bruxelles Environnement et un permis a été délivré par la Région pour l’aménagement de ce site semi-naturel qui fait le lien entre l’avenue Jean Monnet et le chemin des Deux Maisons.

P. JAQUEMYNS développe d’autres exemples :

  • Mares du Struykbeken : il s’agit d’un projet porté de longue date par le service visant à réhabiliter les mares du Struykbeken et à désenvaser celles-ci pour mieux les connecter à la Woluwe. Ce projet est introduit depuis très longtemps auprès des instances régionales qui n’ont toujours pas délivré de permis d’urbanisme. Sans permis, étant en zone protégée, on ne peut pas agir.
  • Parc de Roodebeek : la partie supérieure du parc est protégée. Il convient de mettre en place un plan de gestion forestière qui préserve les lieux. Sur la base d’une première étude, le service des espaces verts s’attelle actuellement à monter un projet et à introduire les demandes de permis auprès de la Région, sachant qu’il convient de prendre en compte de nombreux paramètres liés notamment au classement de la zone, au caractère naturel de celle-ci, etc.
  • Création d’un sentier didactique dans la venelle Georges Désir : dans le cadre de la mise en place de l’éco-quartier et après plusieurs réunions avec les habitants, un projet d’aménagement d’un nouveau sentier didactique a été arrêté. Il alliera préservation de la nature et axes pédagogiques, notamment pour les enfants des écoles situées à proximité. La demande de permis d’urbanisme a également été introduite auprès de la Région.
  • Espace vert situé à la Grange aux Dîmes : en vue de la réorganisation de cet espace, une étude phytosanitaire des arbres est menée actuellement. Elle devra permettre de disposer d’un diagnostic de tous les arbres présents sur le site. Ce diagnostic servira de base pour la mise en place d’un projet de préservation qui sera soumis aux habitants et qui devra également faire l’objet d’un permis d’urbanisme.
  • Peupleraie Hof ter Musschen : en vue de protéger le site, une demande de permis patrimoine est en cours d’introduction auprès de la Région. Elle vise notamment à clôturer la zone au départ du petit parking situé avenue Chapelleaux-Champs.
  • Vallée de la Woluwe : outre l’attente de la mise en œuvre par la Région d’un plan de gestion des zones Natura 2000, la commune plaide depuis de très nombreuses années auprès de Bruxelles Environnement et des ministres régionaux successifs, en ce compris M. MARON, pour la reprise de la gestion de toute la vallée de la Woluwe par l’administration régionale. En effet, à l’échelle du cours d’eau de la Woluwe, seuls les espaces sur Woluwe-SaintLambert ne sont pas pris en gestion par l’organisme régional, ce qui n’a pas de sens eu égard à une vision globale d’un cours d’eau.

Il précise que cette liste n’est pas exhaustive mais qu’elle permet d’illustrer tout le travail mené par les services communaux avec l’appui du Collège pour la préservation et l’entretien des espaces verts sur le territoire communal.

J-F. THAYER rappelle qu’il y a une augmentation du nombre d’habitants et ajoute les éléments suivants relatifs à la politique du logement : « Comme repris dans la note de politique générale de cette mandature, il est essentiel pour le Collège de maintenir l’accès à des logements de qualité pour les familles aux revenus faibles ou moyens mais également pour des familles nombreuses ou des personnes plus âgées. A cette fin, plusieurs initiatives sont développées pour, d’une part, lutter contre les logements vides ou insalubres et, d’autre part, faciliter l’accès au logement. Concernant les actions liées à la lutte contre les logements vides ou insalubres, l’administration communale effectue un suivi, notamment au travers de l’observatoire communal des logements inoccupés. Bien que la Région supprime le subside à partir de cette année, cet axe de travail est malgré tout renforcé au niveau communal. En effet, l’organigramme des services communaux a été revu et, depuis le 1 er janvier 2022, la division du logement dépend du service de la prévention. Ce rattachement favorise encore davantage la collaboration avec le dispositif des gardiens de la paix qui ont dorénavant, parmi leurs missions, la tâche d’être attentifs et surtout de relayer toute observation liée à l’inoccupation d’un bien, son éventuelle dégradation ou insalubrité. Un suivi administratif de ces observations est assuré afin que les mesures adaptées soient prises en connaissance de cause (contact avec le(s) propriétaire(s), mise en demeure, interpellation de la DIRL, etc.). Cela permet non seulement d’accélérer la rénovation de certains logements mais également la mise en location de ceux-ci. Toujours dans le cadre de ces actions, le guichet du logement, dont l’accessibilité est restée assurée sur rendez-vous pendant la crise sanitaire, permet aux riverains de notamment porter à la connaissance de nos services des situations relevant de locations de biens insalubres ou problématiques mais surtout de se renseigner sur les différents leviers possibles en matière de logement. Parmi les initiatives prises pour faciliter l’accès au logement, le Collège a maintenu le mécanisme lié au remboursement partiel des centimes additionnels communaux et a même revu, à l’avantage des demandeurs, le plafond des revenus maximum permettant l’octroi de ce remboursement. A cet égard, on peut soulever l’augmentation des demandes traitées depuis 2018 :

  • en 2018, 82 demandes ont été octroyées pour un montant total de 32.505,29 EUR ;
  • en 2019, 72 demandes ont été octroyées pour un montant total de 28.989,78 EUR ;
  • en 2020, 88 demandes ont été octroyées pour un montant total de 34.862,33 EUR ;
  • en 2021, 108 demandes ont été octroyées pour un montant total de 45.759,42 EUR.

Encore une initiative qui rencontre vraiment un intérêt de la part des habitants ! Par ailleurs, le Collège a soutenu le développement de l’Agence Immobilière Sociale (AIS) de Woluwe-Saint-Lambert via l’octroi d’un subside communal et un soutien dans la mise à disposition d’un espace de bureaux. L’AIS de Woluwe-SaintLambert est ainsi l’une des plus importantes des AIS de la Région bruxelloise en gérant aujourd’hui près de 600 logements, dont +/- 45 % sur le territoire communal. Nous avons pu mettre à disposition 80 logements avenue des Pléiades. Enfin, toujours dans l’objectif de favoriser l’accès au logement, la commune s’est engagée au côté de la SISP L’Habitation Moderne dans un projet de transformation, avenue Ariane, d’un espace de bureaux en logements sociaux, modérés et moyens. Ainsi, des logements abordables seront encore créés durant cette mandature. »

En ce qui concerne les bassins d’orage privatifs, O. MAINGAIN répond que l’intervention de la commune auprès de la Région a porté ses fruits.

G. MATGEN renvoie à la réponse détaillée fournie par Mme DE VALKENEER à ce sujet lors d’un Conseil précédent. Il précise qu’un permis de classe 3 est requis pour ce type de projet et rappelle que la procédure a été détaillée dans la réponse de Mme DE VALKENEER.

S. DETRY reconnaît que son interpellation reprend en réalité 3 interpellations en une. Vu l’explosion de l’évolution de la population (en 2016, on prévoyait 58.000 habitants en 2025), il partage l’idée que l’on va avoir besoin de plus de logements à Woluwe-Saint-Lambert mais pas au détriment de la qualité de vie. Il soutient donc la position du Collège de garder la densification sous contrôle. Voyant un souci dans le fait que Woluwe-Saint-Lambert soit la troisième commune la plus chère, il suggère de privilégier de plus petites unités. En ce qui concerne les centimes additionnels communaux au précompte immobilier, il regrette que Woluwe-Saint-Lambert soit passée dans le haut du classement. An niveau des logements sociaux, il suggère de favoriser l’isolation et la réduction de la consommation en cette période de coûts énergétiques élevés.

O. MAINGAIN ajoute les éléments de réponse suivants par rapport à la réplique de M. DETRY :

  1. En termes de taille des logements, le Collège sera attentif à la mixité et conseillera les investisseurs en ce sens.
  2. En matière de mixité des fonctions dans les quartiers, la correction du PPAS 60ter a permis de développer la mixité dans le quartier concerné.
  3. La commune ne conçoit plus des quartiers comme Andromède avec des concentrations de logements sociaux.
  4. On connaîtra encore une augmentation de la population à Woluwe-SaintLambert et on ne sera pas très éloigné des 65.000 habitants en 2030, et ce pour les 3 raisons déjà citées.

Il précise que l’on a accepté que les bâtiments soient d’une hauteur supérieure dans le quartier du Val d’Or pour pouvoir maintenir l’équilibre avec les espaces verts. Il rappelle que la Promenade verte passe sur ce site. Il fait remarquer que la Région est réceptive sur certains projets (par exemple, pour le Val d’Or) mais pas toujours. Il annonce que le Collège mène une réflexion sur un pôle de développement au-delà de l’autoroute E40, à la limite avec d’autres communes, par la création d’un nouveau quartier et espère que la Région ne lui mettra pas de bâtons dans les roues. Il ajoute que là aussi, on prévoit un accroissement de la population avec une mixité des fonctions et le développement d’espaces verts qui profiteront également à des non-Woluwéens.