S. DETRY interpelle le Collège comme suit au sujet du Plan régional de Gestion de l’eau 2022-2027 :
« En septembre dernier, nous avions abordé brièvement la question de la gestion de l’eau lors de mon interpellation sur les conséquences de la sécheresse et de la canicule de cet été sur notre commune. Depuis le 1 er novembre, le nouveau Plan de Gestion de l’eau de la Région bruxelloise est soumis à enquête publique. Il était temps, puisque le précédent a été élaboré en 2016 et l’Union européenne en demande une actualisation tous les six ans. Le projet soumis à enquête fait, dans son entièreté, 800 pages et il développe une série de problématiques très prégnantes dans notre commune. Afin d’éviter certaines redites par rapport aux échanges tenus en Conseil il y a deux mois, j’aimerais me concentrer sur le dossier de la Woluwe. A ce titre, il est inquiétant de voir que Bruxelles Environnement note « l’état global » de la Woluwe comme « mauvais », même si le constat est général (et moins bon) pour les autres cours d’eau de la Région. Les données sont par ailleurs datées de 2016. C’est sur l’état chimique que les résultats sont les plus mauvais. En cause, la présence hors norme de mercure, d’hydrocarbures aromatiques polycycliques, d’acide perfluorooctanesulfonique. Deux autres paramètres sont considérés comme « médiocres », à savoir la trop faible population de poissons et de macro-invertébrés – mais aussi de flore aquatique, ce qui est une nouveau par rapport à 2012 – (qualité biologique) et les trop nombreux obstacles à l’écoulement naturel du cours d’eau (qualité hydromorphologique), ce dernier influençant aussi le premier.
Mes questions sont les suivantes :
- Partagez-vous le constat de « l’état global » de la Woluwe fait par Bruxelles Environnement ? Est-ce une préoccupation ? Comment expliquer ce « mauvais » bulletin ? Que pensez-vous de la stratégie développée dans le Plan régional pour y remédier (mesures) ?
- Quelles sont les actions possibles au niveau communal pour agir tant sur l’écoulement de la Woluwe, sur la qualité de l’eau, sur la lutte contre la pollution (chimique) causée majoritairement par les eaux de ruissellement ainsi que sur la biodiversité ?
- Le Plan parle à un moment de « l’égout qui déborde ponctuellement au Parc des Sources ». Pouvez-vous revenir sur ce problème et les mesures qui ont été prises pour l’éviter ?
- Suite au Plan tel que présenté, pouvez-vous déjà nous expliquer les modifications qui pourraient advenir dans les quartiers autour de la Woluwe, au niveau de l’avenue Emile Vandervelde ?
- Que compte faire la commune en termes de participation et de publicité de l’enquête publique, sachant que sur les autres sites communaux, l’enquête est un peu mieux mise en avant mais c’est contre-productif si les documents ne sont pas accessibles ? »
G. MATGEN donne la réponse suivante :
« Je vous remercie pour votre interpellation. Je ne serai pas aussi bref que lors du Conseil communal de septembre lorsque j’ai été amené à répondre à l’interpellation de M. SIX concernant l’avis du Collège sur l’avant-projet d’ordonnance relatif aux ondes électromagnétiques en Région bruxelloise. Mais, comme en septembre lorsque j’ai été interrogé sur l’avant-projet relatif aux ondes, je rappelle que l’enquête publique sur le plan régional de gestion des eaux est toujours en cours – elle vient même de démarrer (1 er novembre) – et que le délai pour rendre notre avis n’est pas écoulé. Pour rappel, cette enquête publique prendra fin le 30 avril et, comme vous le soulignez, le plan proposé est assez volumineux. Le plan de gestion des eaux venant de nous être communiqué, celui-ci doit donc encore être analysé par les services concernés et je ne puis donc à ce stade rentrer trop dans les détails du contenu de l’avis qui sera rendu par le Collège. Toutefois, voici déjà quelques éléments de réponse à vos questions : Concernant les constats établis par Bruxelles Environnement, en tant que référence administrative en ce domaine en Région bruxelloise, nous n’avons pas de raison de les remettre en cause. Quant à la stratégie qui est développée dans le plan régional soumis à l’enquête publique, celle-ci fera forcément l’objet de l’analyse que nous allons réaliser avec les services. Je vous inviterai donc à revenir vers nous une fois l’avis du Collège arrêté. Nous serons, à titre d’exemple, attentifs à la prise en compte de nos avis rendus précédemment puisque, comme vous l’avez précisé, le plan précédent date de 2016.
Il est important ensuite de préciser que la commune n’est pas le gestionnaire du cours d’eau de la Woluwe. C’est Bruxelles Environnement qui est responsable de son écoulement et de sa qualité. Bruxelles Environnement doit notamment en tenir compte dans les plans de gestion des différentes zones de la vallée de la Woluwe qui sont, pour rappel, classées en zone Natura 2000. Ces plans de gestion, nous les attendons. Ils sont en cours de préparation au niveau régional, nous dit-on. Cela n’empêche pas la commune d’agir à son niveau. Il faut savoir que les rejets de polluants dans le réseau d’égouttage et le réseau hydrographique ne sont malheureusement pas des faits rares en Région bruxelloise et il est convient, au cas par cas, avec l’aide du service de l’Inspection de Bruxelles Environnement et de la commune (division Permis d’environnement), d’identifier la/les personne(s) à l’origine de ces pollutions ponctuelles pour dresser PV et mettre fin à la situation infractionnelle. Concernant les autres actions possibles au niveau communal, mon collègue échevin, Philippe JAQUEMYNS, a déjà eu l’occasion en septembre de vous donner des exemples très concrets concernant des réaménagements de voiries ou de zones de stationnement ayant pour objectif la déminéralisation de l’espace public permettant de favoriser la filtration des eaux de ruissellement, notamment grâce à des plantations spécifiques (on parle de système de phytoremédiation) et des noues (système de décantation). Des échanges réguliers entre le service Gestion de l’espace public de mon collègue et celui du développement durable ont d’ailleurs lieu par rapport aux aspects techniques des projets en cours mais aussi des projets futurs afin d’inscrire ceux-ci dans une politique de gestion de l’eau cohérente. Les services suivent de près les évolutions au niveau des matériaux utilisés pour permettre une plus grande perméabilité des sols. Cela s’exprime également dans les avis rendus par le service du développement durable à l’occasion des marchés publics qui sont lancés. Il y a également une prise en compte de la gestion des eaux dans le cadre, par exemple, du projet de réaménagement du parc Saint-Lambert qui fait l’objet d’une demande de permis d’urbanisme. Il en va de même dans le cadre de l’étude en cours visant à transformer le quartier Saint-Lambert en un éco-quartier durable et résilient : la gestion de l’eau et sa mise en valeur y tiennent une place prépondérante. Les services de l’urbanisme et du développement durable sont également particulièrement attentifs à cette problématique au niveau des grands projets immobiliers au sein de la vallée de la Woluwe. Au besoin, vous pourrez interroger Mme DE VALKENEER à ce sujet. Il est important enfin de rappeler qu’en vue de la modification programmée du PRAS par les autorités régionales, la commune a proposé, en concertation avec Bruxelles Environnement, de revoir à la hausse les normes de récupération des eaux pluviales dans les projets (article 17 du Titre 1 du RRU). A plus grande échelle, il est nécessaire de poursuivre le développement du réseau de récupération des eaux usées au sein de la vallée de la Woluwe (déconnection entre l’égout et le milieu naturel, réseau « séparatif »). Vous faites à cet égard allusion au rejet des eaux usées de manière ponctuelle au niveau de l’étang du parc des Sources. Vous vous rappelez peut-être du débat qui a eu lieu en son temps concernant l’alternative au bassin d’orage de 70.000 m³ que Bruxelles Environnement voulait construire au niveau du parking du Struykbeken et qui consistait à utiliser l’étang rond du parc de la Woluwe comme bassin naturel de rétention. Bruxelles Environnement n’en voulait pas pour des raisons environnementales mais dans les faits, force est de constater que d’autres étangs connectés à la Woluwe recueillent tout de même ces eaux. Dès lors, bien que notre commune accueille déjà sur son territoire l’un des plus grands bassins d’orage de la Région bruxelloise (bassin de Roodebeek), la question d’augmenter cette capacité est toujours d’actualité. Pour rappel, le Collège, Vivaqua et la SBGE se sont mis d’accord en mai 2018 pour que la SBGE étudie la faisabilité de construire un ouvrage de stockage par fonçage sous le boulevard de la Woluwe. L’étude réalisée par la SBGE a confirmé la faisabilité technique d’un tel projet, la technique du fonçage ayant pour avantage d’éviter tous travaux en surface, ce qui permet de préserver les aménagements qui ont été réalisés sur le boulevard de la Woluwe. Nous avons interrogé le ministre Alain MARON à plusieurs reprises entre février 2020 et octobre 2021. Sans réponse, la commune a relancé ce dernier dans l’espoir d’obtenir rapidement des avancées dans ce dossier. Le ministre nous a finalement répondu en décembre 2021 que, tenant compte des étapes opérationnelles nécessaires, le plan pluriannuel de la SBGE prévoit d’entamer les investissements spécifiques pour la vallée de la Woluwe en 2025 pour les clôturer en 2030. Ces investissements sont pourtant nécessaires pour lutter contre les inondations sachant que les pluies centenaires seront avec le réchauffement climatique une réalité plus récurrente que son nom ne le laisse penser. Ils sont également nécessaires pour éviter les rejets des eaux usées dans la rivière et de porter de la sorte atteinte à la biodiversité. En effet, en cas de surcharge de l’égout se trouvant sous le boulevard de la Woluwe, celui-ci peut partiellement déborder dans la rivière de la Woluwe.
Concernant la publicité autour de l’enquête publique, la commune joue son rôle de relais en communiquant cette enquête sur son site internet, sur les réseaux sociaux et dans le Wolu Info. Quant à la participation, des ateliers ont déjà été organisés par Bruxelles Environnement. Nous ne manquerons pas de les interroger pour savoir si des nouvelles séances de ce type seront organisées et où et s’il est envisagé de les décentraliser dans les communes bruxelloises ou du moins dans certaines d’entre elles. »